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Le Braconnage et le commerce illégal de la faune

On constate de plus en plus que de nombreuses forêts, même si leur couvert est relativement bien conservé, sont pour ainsi-dire « vides de faune », ce qui est parfois appelé le « syndrome des forêts silencieuses ».

La disparition de nombreuses espèces d’animaux et/ou de l’abondance des espèces survivantes représente un grave menace pour ces forêts car ces animaux ont tous un rôle écologique à jouer. Ils ont de plus un rôle économique, par exemple en permettant un apport de protéines ou en permettant le tourisme.

Un cercopithèque diane, espèce renseignée comme « en danger » sur le liste rouge de l’IUCN, victime de braconnage.

Deux causes majeures peuvent être reconnues pour ce fléau qu’on appelle parfois « défaunation » : un prélèvement trop lourd pour le consommation de viande ; et le commerce illégal pour alimenter un trafic de revente d’espèces vivantes ou de parties d’animaux (ivoire, peau, écailles etc.)

Braconnage et chasse non durable

Le braconnage se réfère à la chasse illégale d’une espèce, soit protégée sur tout le territoire, soit protégée parce qu’elle se trouve dans un Parc National ou autre Aire Protégée qui interdit la chasse.

La chasse non durable se réfère à une chasse villageoise pour la consommation de viande, qui peut être permise par la loi, mais avec un prélèvement trop important pour garantir qu’elle soit durable dans le temps.

Etale de viande de brousse. © Nathalie Van Vliet / CIFOR

Même si le contexte est un peu différent, les études sur la consommation de viande de brousse en Afrique Centrale montre une consommation d’environ quatre à cinq millions de tonnes de viande par an ; ceci représente également un important secteur économique avec par exemple près de 100 millions d’euros par an rien que pour le Cameroun.

Toutes les études indiquent une consommation trop élevée pour être durable ; dans une zone du sud Cameroun par exemple, la consommation villageoise est de plus de 30 kilos par km2 par an et tous les chasseurs confirment une diminution continue des espèces chassées.

Un cercopithèque blanc-nez braconné dans le Parc National de Grebo-Krahn et en route pour être vendu en ville. © M. Languy

Plusieurs types de mesure peuvent être prises pour lutter contre la chasse illégale et/ou non durable. Pour les espèces protégées, la lutte anti-braconnage permet de limiter le prélèvement. Pour la chasse non durable, des projets d’accompagnement des communautés villageoises permettent de fournir des alternatives à la chasse comme moyen de subsistance, et d’autres interventions peuvent fournir des alternatives aux protéines animales sauvages, par le promotion de petits élevage par exemple.

Le commerce illégal

Certaines espèces, comme les éléphants et les pangolins ont été exploitées pour le commerce international à un tel point qu’elles ont disparu de nombreuses régions. Les pangolins, décrits comme l’animal le plus trafiqué au monde, ont fait l’objet d’un commerce illégal croissant dans la région. L’effondrement des populations de pangolins asiatiques, ainsi que la valeur élevée des produits à base de pangolins, ont conduit les criminels à se fournir en pangolins en Afrique. Bien que l’impact réel de l’exploitation illégale de cette espèce en Afrique de l’Ouest soit largement inconnu, l’ampleur du trafic (par exemple, plus de 20.000 kg d’écailles de pangolins d’Afrique ont été saisis entre 2012 et 2016) est un sujet de préoccupation important.

Le trafic de certaines espèces, comme le pangolin, est basé sur le braconnage par piégeage avec des collets métalliques. Ce type de piégeage est dramatique car il n’est pas discriminatoire et tue n’importe quelle espèce ; de plus les animaux ne sont pas toujours relevés et pourrissent sur place. Ici, plusieurs centaines de collets ramassé en moins de 10 jours par une patrouille dans la forêt de Diecke dans le sud de la Guinée. © M. Languy.

Une analyse a révélé que sur les 50 plus importantes saisies mondiales d’ivoire dont l’origine était précisée, 21 % sont sorties en passant par l’Afrique occidentale ou centrale. L’Afrique de l’Ouest n’est pas seulement une source d’ivoire illicite, elle est aussi devenue un centre de transit, l’ivoire étant importé et exporté d’autres régions d’Afrique.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et ses 15 États membres se sont engagés à empêcher toute dégradation supplémentaire de la biodiversité de l’Afrique de l’Ouest résultant d’une telle criminalité. La coordination en matière de la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages en Afrique de l’Ouest a été mise en place au travers d’une « Stratégie de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages en Afrique de l’Ouest ». Cette stratégie se focalise sur des interventions à trois niveaux de la chaîne de trafic : juguler l’approvisionnement (lutte anti-braconnage), casser les maillons de la chaîne de transit (contrôles routier, contrôles dans les ports et aéroports, intelligence sur les réseaux etc.) et enfin diminuer la demande (sensibilisation des consommateurs potentiels).

Ecailles de pangolin confisquées au Cameroun. Image du siège social du service des pêches et de la faune des États-Unis (U.S. Fish and Wildlife Service Headquarters) via Wikimedia Commons (CC BY 2.0).

Finalement, la criminalité liée aux espèces sauvages ne peut être considérée uniquement comme un problème de conservation, car les impacts sont beaucoup plus importants que la perte de certaines espèces. La criminalité liée aux espèces sauvages a un impact direct et négatif sur l’économie et la sécurité de millions de personnes. L’Assemblée des Nations Unies sur l’environnement reconnaît que le commerce illicite des espèces de faune et de flore sauvages « contribue à la dégradation des écosystèmes et des moyens de subsistance ruraux, nuit à la bonne gouvernance et à l’état de droit, menace la sécurité nationale et a un effet négatif sur leur utilisation durable, y compris l’écotourisme et le tourisme axé sur la faune sauvage » (https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/17285/K1402365.pdf?sequence=4&isAllowed=y).