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L’agriculture itinérante (sur brûlis)

L’agriculture sur brûlis est pratiquée dans les forêts tropicales humides. C’est le cas le plus fréquent d’agriculture itinérante pratiquée dans les forêts guinéennes.

Le principe est simple : l’agriculteur abat les plus gros arbres puis utilise le feu pour défricher une parcelle boisée avant de l’ensemencer. Une technique qui présente deux avantages : d’une part, elle exige moins de travail et d’outils sophistiqués que le défrichage à la main. D’autre part, la cendre produite par l’incinération de la végétation fournit les sels minéraux indispensables à la fertilisation des sols. Parfois, les arbres abattus sont utilisés pour en faire du charbon de bois, mais bien souvent ils sont laissés sur place.

Un exemple d’agriculture sur brûlis, Forêt Communautaire de Gba, Liberia. © M. Languy

L’agriculture vivrière itinérante associe en général des plantes qui fournissent la base de l’alimentation des communautés rurales : céréales (maïs) ou féculents (igname, manioc, banane plantain), légumes et condiments (piment) et des plantes chargées de fournir les matières grasses (arachide). Le manioc peut toutefois se retrouver dans des systèmes tels qu’en monoculture ou en culture intercalaire.

Ainsi, les premières années, la terre est fertile. Les champs de cultures exigeantes en nutriments sont parfaitement adaptés à ce type d’agriculture. Les agriculteurs y plantent igname, taro, maïs, et arachide.

Les champs de courges, d’arachides ou de bananes plantains sont parfaitement adaptés à ce type d’agriculture. Les graines de courge, par exemple, sont semées avant les premières pluies et au lendemain du brûlis. Et les courges utilisent les troncs morts pour asseoir leur croissance. Ainsi, les premières années, la terre est fertile.
Mais peu à peu, les sols s’appauvrissent obligeant les agriculteurs à choisir des plantes moins gourmandes en nutriments comme la banane plantain et le manioc. Au bout de trois à quatre ans, les sols deviennent largement stériles… L’agriculteur est ainsi contraint de déboiser une autre zone. La première parcelle est laissée au repos pour se régénérer. Il lui faudra plusieurs dizaines d’années de jachère pour être de nouveau exploitable...

L’agriculture sur brûlis est une technique agricole qui fonctionne durablement quand la densité de population est très faible, car la grande disponibilité des terres permet alors de longues jachères. Ce qui a longtemps été le cas dans les campagnes africaines. Toutefois, l’explosion démographique récente a contraint les agriculteurs à raccourcir le temps de jachère pour nourrir leurs familles, ce qui rend les cultures moins productives et pousse souvent les communautés à défricher de nouvelles forêts, rendant le système non durable à l’heure actuelle.

Résultat, cette agriculture itinérante conduit à une déforestation et une dégradation des forêts guinéennes et de leurs sols.

Selon Global Forest Watch (année 2019), l’agriculture itinérante représenterait de 94% à 99% des pertes de couverture forestière dans les pays tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Libéria, le Nigéria ou encore la Sierra Leone.

Dans le même sens, une étude du WWF en 2020 a identifié des fronts de déforestation, qui sont des « régions qui présentent une concentration importante de « points chauds » de déforestation et où des surfaces importantes de forêts restantes sont menacées ». L’Afrique de l’Ouest (en particulier le Liberia, la Côte d’Ivoire et le Ghana) est identifiée comme « front de déforestation ». Ce front présente un taux de déforestation annuel moyen supérieur à 0,5% sur la période de 2000-2018 avec un pourcentage de 6% du couvert forestier perdu pendant cette même période.