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La Réserve de Biosphère de Ziama

La forêt de Ziama se trouve en Guinée, plus précisément dans la région de la Guinée forestière, dans le sud-est du pays. Cette région se caractérise par sa végétation luxuriante, ses forêts denses et sa diversité écologique.

La Réserve de Biosphère de Ziama est située dans la préfecture de Macenta. Elle couvre une superficie de 119 019 hectares avec un point culminant à 1 387 mètres.

La réserve abrite une des dernières forêts primaires d’Afrique de l’Ouest et est reconnue pour sa biodiversité exceptionnelle. Elle a été classée le 12 septembre 1942 et déclarée en 1981 comme réserve de biosphère. Elle abrite de nombreuses espèces végétales et animales.

La réserve est entourée de 31 villages avec une population actuelle estimée à 110 779 habitants, soit 4.2 % plus que la population de 2018. Cette population se caractérise par sa diversité ethnique, son mode de vie rural, ses pratiques religieuses et sociales traditionnelles, ainsi que par des défis liés à l’accès aux services de base et au développement socio-économique.

La Biodiversité de la Forêt de Ziama

Végétation

La forêt de Ziama est caractérisée par une végétation comprenant de nombreuses espèces d’arbres, de plantes herbacées, de lianes et de fougères. On y trouve des espèces endémiques ainsi que des arbres de grande valeur économique comme le bois précieux. Selon les études menées, deux espèces végétales ont été identifiées comme endémiques selon l’UICN. Il s’agit de Mikaniopsis camarae et de Invesodicraea pepehabai. Ensuite, Ziama compte 33 espèces de plantes menacées, à remarquer : Tarenna hutchinsonii (en danger critique d’extinction (CR), selon les catégories de la Liste rouge de l’UICN), Thieghemella heckelii (en danger (EN)) Entandrophragma utile (vulnérable (VU)), Neolimoniera clidantrifolia (VU), Terminalia ivorensis (VU), Heritiera utilis (VU), Khaya anthotheca (VU), Guarea cedrata (VU), Omphalocapum ahia (EN), Lophira alata (VU), Garcinia Kola (EN), Enthandophragma cylindricum (VU), Anospyxise klaineanna (VU), et Lovoa trichioides (VU).

Faune
La forêt abrite une grande diversité d’animaux, y compris des nombreux mammifères tels que des primates (chimpanzés, colobes, etc.), des antilopes, des potamochères, des éléphants de forêt, des pangolins, des civettes et divers petits mammifères. Elle abrite également une grande variété d’oiseaux, de reptiles et d’amphibiens.

Éléphant de forêt – Loxodonta cyclotis (CR)

Espèce clé de conservation. La population d’éléphants à Ziama est une des dernières de la Guinée et se trouve actuellement en phase d’évolution après une période de fort braconnage entre 2008 à 2016. Les patrouilles d’application auraient joué un rôle important pour arrêter le braconnage, mais d’autres activités contribuent à la conservation de l’espèce tel que le suivi écologique au moyen de patrouilles, des études par caméras à piège et des colliers satellitaires ; le développement de l’apiculture afin de gérer les incursions des pachydermes dans les champs, et les séances de sensibilisation. Le groupe d’éléphants de l’image a été capturé par les caméras à pièges posées en collaboration avec les agents du Centre Forestier de N’Zérékoré et les communautés locales.

Chimpanzé d’Afrique de l’Ouest – Pan troglodytes verus (CR)

Les chimpanzés d’Afrique de l’Ouest sont une espèce emblématique et font partie intégrante des écosystèmes de Ziama. En tant que grands singes, ils jouent un rôle crucial dans le maintien de la biodiversité de Ziama en tant que prédateurs, distributeurs de graines et architectes de l’environnement forestier. La présence et la tendance des populations de chimpanzés à Ziama peuvent servir d’indicateurs de la santé générale de l’écosystème. Les caméras-pièges déployés récemment ont permis de commencer à connaître quelques groupes d’individus.

Pangolin
Les pangolins font partie des espèces les plus menacées à Ziama en raison de la facilité de les chasser, ainsi que par l’existence d’un commerce illégal de leur viande et leurs écailles. Deux espèces ont été identifiées grâce aux activités de recherche. Il s’agit du pangolin à ventre blanc (Phataginus tricuspis) et du pangolin à longue queue (Phataginus tetradactyla). Une étude est en cours pour confirmer la présence du pangolin géant à Ziama. Ces pangolins jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes de Ziama en régulant les populations d’insectes, notamment les fourmis et les termites.

Oiseaux

La faune aviaire à Ziama est remarquablement diverse en raison de la richesse de son habitat forestier. La réserve abrite de nombreuses espèces d’oiseaux adaptées à la vie en forêt, y compris des passereaux, des pics, des touracos, des barbicans, de perroquets, et d’autres espèces spécialisées dans les habitats boisés. Après une étude rapide menée en 2019, un total de 131 espèces (37 familles) ont été confirmées. Les espèces menacées enregistrées au cours de ces études comprennent la pintade à poitrine blanche (Agelastes meleagrides (VU)), le calao à casquette jaune (Ceratogymna elata (VU)), le bulbul à barbe jaune (Criniger olivaceus (VU)). Ces trois espèces ont été observées à la fois à Wologizi et à Ziama, tandis que Phyllanthus atripennis (NT) n’a été observé que dans la forêt de Ziama.

Les menaces sur la biodiversité de Ziama
Ziama est confrontée à plusieurs menaces qui mettent en péril son écosystème fragile et sa biodiversité exceptionnelle. Il s’agit notamment du braconnage et de l’empiétement agricole, ce dernier associé à l’utilisation des pesticides et l’aggravation des conflits homme-faune.

La chasse et le braconnage : la chasse et le braconnage représentent une menace importante pour de nombreuses espèces animales de la forêt de Ziama, y compris les grands mammifères tels que les chimpanzés, les pangolins et les primates. La demande croissante de viande de brousse, de trophées d’animaux sauvages et d’autres produits d’origine animale met en danger la survie de nombreuses espèces vulnérables à Ziama.

Déforestation : La déforestation à Ziama est essentiellement causée par l’expansion de l’agriculture, les feux de brousse et d’autres activités humaines. La conversion des terres à travers l’exploitation des bas-fonds en terres agricoles entraîne la perte d’habitats vitaux pour de nombreuses espèces végétales et animales. Il faut aussi noter l’utilisation des produits chimiques dans les bas-fonds qui polluent les cours d’eau et représentent une menace potentielle pour la faune aquatique surtout les amphibiens.

Pression démographique et expansion : La croissance démographique et l’expansion urbaine autour de Ziama exercent une pression croissante sur la forêt. L’augmentation de la population humaine entraîne une demande accrue de terres, de ressources naturelles et de services écosystémiques fournis par la forêt, ce qui conduit à une intensification des activités destructrices.

Gouvernance communautaire  
La conservation et la gestion de la réserve de biosphère de Ziama est un sujet de préoccupation, car elle contribuera à la résilience au changement climatique et à la sécurité de l’eau et de l’alimentation des communautés voisines. Cela ne peut se faire sans l’implication effective des communautés voisines de la réserve. À cette fin, des comités de gestion communautaire ont été mis en place autour de Ziama. Cette structure comporte trois niveaux :

  • Le niveau local, qui couvre les 31 villages ;
  • Le niveau communal, qui constituera les 5 communes de Ziama ; et
  • Le niveau central, qui servira de comité de coordination du paysage de Ziama.

Ces structures ont été mises en place sur la base d’une approche élective avec une participation totale de 3 732 personnes, dont 1 686 femmes. En moyenne, 36 % des membres de ces comités sont des femmes.

Les comités joueront un rôle crucial dans la cogestion de Ziama en s’impliquant dans la mise en œuvre d’activités visant à promouvoir l’équité et le partage des bénéfices, à accroître et à garantir la pleine participation des communautés autochtones et locales dans le respect de leurs droits et la reconnaissance de leurs responsabilités dans la gestion de la réserve de Ziama.

Accompagnement des activités de subsistance durable  

Le programme s’efforce de développer des activités de subsistance pour aider les communautés à améliorer leur bien-être. Cette activité d’apiculture a été mise en place pour assurer la gestion des conflits entre les animaux sauvages et les humains afin de réduire les dégâts causés aux cultures par les éléphants. Cette activité contribue également à l’augmentation des revenus des ménages.

Perspectives
PAPFor soutient la Réserve de Ziama au travers du programme du paysage Wologizi-Wonegizi-Ziama mis en œuvre par FFI et GRET. Le programme PAPFor prendra fin en 2024 mais un financement de l’Agence Française de Developpement au travers du « Projet de conservation de la biodiversité et d’amélioration de la résilience climatique de la Réserve de Biosphère de Ziama » favorisera la poursuite des actions engagées par le projet de l’Union Européenne. Ceci permettra de continuer les actions de conservation de la biodiversité et un développement agricole résilient, au bénéfice des populations et des écosystèmes pour la conservation du paysage forestier transfrontalier Wologizi-Wonegizi-Ziama. Dès 2026, le nouveau programme de l’Union Européenne, NaturAfrica, viendra en complément de ces actions dans ce paysage.