Accueil / Les forêts guinéennes / Les caractéristiques / La biodiversité / Fiches d’identité des espèces / L’éléphant de forêt

L’éléphant de forêt

  • Classe : mammifère
  • Ordre : Proboscidés
  • Famille : Elephantidae
  • Genre : Loxodonta
  • Espèce : cyclotis
  • Poids : entre 2 et 6 t
  • Dimensions : 1,5 à 3,5 m au garrot et 4 à 7 m de longueur
  • Régime : mégaherbivore, consommant un grand nombre de végétaux avec une alimentation très variée (fruits, feuilles, écorces, herbacées)
  • Animal très social mais évolue en petits groupes, qui se déplacent sur de longs trajets et ont donc besoin de grands territoires pour survivre
  • Espérance de vie varie de 60 à 70 ans
  • Reproduction. Les fonctions reproductrices apparaissent à partir de 9 ans chez l’éléphant femelle. Les éléphants mâles se reproduisent vers l’âge de 30 ans. La gestation est la plus longue de tous les mammifères terrestres : de 20 à 22 mois. Dans la plupart des cas, un seul éléphant est porté. Les femelles mettent leur premier bébé au monde vers 23 ans (à la différence des éléphants de savane, qui le font vers 11-14 ans).

L’éléphant de forêt d’Afrique (Loxodonta cyclotis) est le cousin de l’éléphant de savane d’Afrique (Loxodonta africana) et de l’éléphant d’Asie (Elephas maximus). Il est plus petit, notamment avec des défenses plus courtes et plus droites, que les éléphants de savane, ce qui est une adaptation au milieu forestier où il est plus difficile de se déplacer dans les sous-bois denses. Il se rencontre généralement en forêt dense d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, mais on le trouve aussi parfois en bord de territoire forestier, tout comme l’éléphant de savane, avec lequel il peut s’hybrider et avoir une progéniture viable et saine.

L’éléphant de forêt : une fonction écologique importante

L’éléphant de forêt d’Afrique contribue au maintien de la composition et de la structure des forêts guinéennes d’Afrique de l’Ouest.

Cette espèce est réellement dépendante de la forêt (et notamment des fruits d’arbres forestiers) pour se nourrir. En tant que mégaherbivore, elle consomme un grand nombre de plantes et de fruits. L’éléphant de forêt d’Afrique mange quotidiennement plus de 200 kg de plantes par jour pour subvenir à ses besoins. Il contribue à la régénération de nombreuses espèces en dispersant les graines avalées sur de très longues distances.

Certaines graines de plantes et d’arbres ne germent qu’après être passées par son tube digestif. Par ailleurs, les bouses d’éléphants constituent un milieu riche en nutriments propice à la croissance des plantules et représente un véritable restaurant pour de nombreux insectes, dont les papillons qui viennent y chercher des sels minéraux.
Également, par la création de pistes et d’ouvertures du couvert forestier lors de ses déplacements en forêts, l’éléphant de forêt crée ou entretient des corridors utilisés par d’autres espèces et favorise des arbres à croissance lente (typiquement des essences à bois dur et tolérantes à l’ombre). Il maintient aussi les clairières forestières (appelées salines ou baï) où il tire profit de la grande quantité de sels minéraux disponible.

Une espèce en danger critique d’extinction

Cette espèce est moins connue que l’éléphant de savane en raison d’obstacles écologiques et politiques, qui l’ont rendue plus difficile à étudier et à protéger. Elle a disparu d’une grande partie de son aire de répartition naturelle et, là où elle est encore présente, elle régresse à un rythme alarmant, alors qu’elle joue un rôle écologique très important.

L’éléphant de forêt n’a pas réellement de prédateurs hormis les humains. La chasse et le braconnage, en particulier pour le commerce de l’ivoire tiré des défenses, sont les principales menacent auxquelles font face les éléphants des forêts guinéennes.

La déforestation et la fragmentation des forêts guinéennes entraînent une perte de son habitat. Les risques de conflits d’intérêt pour l’habitat, encore appelé conflit homme-éléphant, avec des populations humaines augmentent et menacent la survie de l’éléphant. Lorsque la forêt est réduite, les éléphants deviennent une partie du problème, car ils détruisent rapidement la végétation de la zone où ils vivent et éliminent les ressources en nourriture.

Le 25 mars 2021, l’éléphant de forêt a été classé comme en « danger critique d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature. L’organisation souligne que sa population a chuté de 86 % entre 1990 et 2021 (https://www.iucnredlist.org/species/181007989/181019888).

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages (CITES) le reprend dans son annexe 1 comme espèce menacée d’extinction, interdite au commerce international. Cependant, leur commerce peut être autorisé dans des conditions exceptionnelles - pour la recherche scientifique, par exemple. Quand c’est le cas, un permis d’exportation (ou un certificat de réexportation) et un permis d’importation sont délivrés. (https://cites.org/fra/app/appendices.php)
Les éléphants d’Afrique, de savane et de forêt, ne compteraient plus qu’environ 415 000 individus (UICN, 2016), contre environ 10 millions d’individus avant le déclin des deux derniers siècles. Cela représente une disparition de 95 % de leur population. Il y a peu de données fiables sur le nombre d’éléphants en Afrique de l’Ouest, mais les évaluations montrent des populations réduites et isolées d’environ 11,500 individus.

Habitat potentiel pour l’éléphant de forêt (’Hidden Giants : Forest elephants of the Congo Basin’ by Stephen Blake et al. Page 14) /Potential forest elephant habitat (‘Hidden Giants : Forest elephants of the Congo Basin’ by Stephen Blake et al. Page 14)

MIKE (Monitoring the Illegal Killing of Elephants : https://cites.org/fra/prog/mike/index.php/portal)

Le programme MIKE est entièrement dépendant du soutien des donateurs. L’Union européenne a été le plus important donateur du programme MIKE et a financé la mise en œuvre en Afrique depuis sa création en 2001, et en Asie depuis 2017. Des fonds ont également été fournis par le Service américain de la pêche et de la faune sauvage et par les gouvernements du Japon, du Royaume-Uni et de la Chine.

L’objectif général de MIKE est de fournir les informations nécessaires aux États de l’aire de répartition des éléphants et à la CITES pour prendre des décisions appropriées en matière de gestion et de lutte contre la fraude, et de renforcer les capacités institutionnelles des États de l’aire de répartition pour la gestion à long terme de leurs populations d’éléphants. MIKE vise à aider les États de l’aire de répartition à améliorer leur capacité à surveiller les populations d’éléphants, à détecter les changements dans les niveaux d’abattage illégal, et à utiliser ces informations pour assurer une application plus efficace de la loi et renforcer toute mesure réglementaire nécessaire pour soutenir cette application.

Récentes observations au Libéria

Pour le bloc forestier du nord-ouest au Liberia, qui représente une grande proportion des forêts de Haute Guinée, le projet ELRECO (Elephant Research and Conservation https://www.elreco.org/index_en.html), estimait récemment que les populations d’éléphants de forêt restants se situent entre 350 et 450 individus, voire moins.
Ces éléphants sont répartis dans l’ensemble des paysages Gola-Foya et Wologizi-Wonegizi-Ziama soutenus tous deux par le programme PAPFor. Ils migrent et se trouvent également en dehors des aires protégées. Il est donc crucial de maintenir la connectivité par des couloirs forestiers entre toutes les aires protégées, ce qui est un des objectifs de PAPFor.